le Calme et la Tempête

Le calme et la tempête, comme l'ubac et l'adret d'une même montagne, celle que nous ne cessons de gravir et celle qui nous pousse à l'intérieur. Avec le souffle qui donne la cadence, les pieds qui trouvent leur équilibre par une instabilité perpétuelle, les dents qui grincent ou la tête qui s'évapore dans une mer de nuages. Continuer, dans une obstination joyeuse, à repousser l'horizon, à refuser les certitudes de tous bords, à nier les frontières, à désencager la langue. Il y a du grain à moudre, pour le café qu'il faudra s'enfiler, pour la matière à penser, pour l'agir, pour le grain de sel, pour le petit grain de sable capable d'enrayer une mécanique, pour le grain de folie, pour le gros-grain de la mer, parce qu'il nous faudra veiller au grain, (pour la granification qui vient...) sans omettre de s'asseoir, de profiter d'une éclaircie et de reprendre son souffle en cultivant la digression. Tenter le détachement heureux dans la pleine conscience du pire. S'offrir le luxe de vivre, amoureux et insoumis, de "cracher du lilas à la gueule des orties", en riant à la barbe des cons.